Le baby-boom est avant tout le boom d'un business. Le marché de la puériculture est en pleine expansion et pèse désormais plus de 2,5 milliards d'euros par an. Et l'inventivité des entreprises n'a plus de limites pour surfer sur cette vague. Produits et services en tous genres sont proposés aux jeunes parents, de la gym pour bébé à l'assiette anti-bactéries. Assises en cercle sur le sol, douze mamans chantent une chanson à leurs petits bouts de 10 à 18 mois. Après cette mise en condition, c'est parti pour les exercices. Pendant cinquante minutes, les bébés vont jouer avec des ballons, grimper des escaliers et des plans inclinés, et même tourner autour d'une barre fixe !...

Bienvenue au Little Gym d'Orgeval, en banlieue parisienne, une sorte de... Gymnase Club pour nouveau-nés. "Il n'y a aucune notion de compétition. Il s'agit de développer l'éveil sensoriel, moteur et social des bébés", précise la directrice, Séverine Moser.

Un an après son ouverture, le Little Gym compte 200 clients par semaine, malgré des tarifs élevés (360 euros les vingt séances, plus 50 euros d'inscription). Florence, assistante de direction, y emmène sa fille Clémence (17 mois) chaque semaine. "C'est un peu cher, mais les enfants adorent, et ils deviennent beaucoup plus à l'aise avec leur corps", explique-t-elle.

Un marché de 2,5 milliards d'euros

Little Gym et son concurrent Gymboree (deux établissements en région parisienne et un à côté de Lille) ont de beaux jours devant eux. Car le marché de la puériculture est florissant. Il pèse 2,5 milliards d'euros et progresse de 3% par an, selon une étude du cabinet Precepta. Si l'on enlève les jouets et les habits, le coeur du business (poussettes, biberons, sièges auto, etc.) serait même en hausse de 5 à 10%, selon les distributeurs spécialisés.

"Nous profitons du baby-boom", se félicite Fernand Ribas, patron du groupement de magasins New Baby et Autour de Bébé. Malgré une légère baisse l'an dernier, la France est restée la championne d'Europe de la natalité avec 783 000 nouveau-nés. L'Hexagone regorge ainsi de jeunes parents tellement gagas qu'ils en oublieraient la baisse du pouvoir d'achat. "Les gens veulent ce qu'il y a de mieux et sont très aidés par leur famille. Dans les milieux modestes, certains grands-parents économisent pendant cinq ans pour préparer l'arrivée de bébé", explique Jacques Guillon, directeur général des magasins Bébé 9.

Douilette antistress

De quoi déchaîner tous les appétits. Le roi américain du jouet Toys'R'Us a lancé son premier magasin de puériculture l'an dernier, et va en ouvrir quatre supplémentaires en juin. La télé câblée BabyFirst vise les nourrissons dès 6 mois. Le fabricant de jouets VTech a déjà vendu 60 000 exemplaires de sa VSmile Baby, une console de jeux vidéo éducatifs accessible à partir de 9 mois. Habitat a inauguré son premier magasin de meubles pour enfants, tandis que Samsung vante une machine à laver "idéale pour le linge de bébé".

De nombreuses offres s'adressent à ces "nouveaux parents" des années 2000, plus décomplexés que leurs aînés. "Ils recherchent le plaisir de leurs tout-petits, mais aussi le leur", analyse Patricia Gélin, directrice du cabinet de conseil L'Institut des mamans. Selon une étude qu'elle vient de réaliser, 22% des jeunes mères seulement privilégient les premiers prix, tandis que 51% achètent systématiquement des produits de marque, innovants ou design.

On ne compte plus les improbables innovations destinées à séduire ces clientes en or. La société française Babycalin propose une douillette antistress qui absorbe l'électricité statique autour de l'enfant. Une assiette de la marque Rémond promet d'éliminer les bactéries grâce à des ions d'argent. Et Tigex vend des écoute-bébé vidéo qui permettent de regarder son enfant même en pleine nuit.

Développement durable

Les parents peuvent aussi craquer pour les produits inspirés des créateurs de la mode. La société Bloom surfe sur cette vague. Elle possède quatre bureaux de design (Paris, Amsterdam, Hongkong, San Francisco) pour coller aux tendances. Son produit phare, la Fresco, est une chaise haute au look futuriste qui tourne à 360°. "Les parents réclament des objets à la fois pratiques et assortis à l'aménagement intérieur de leur logement", explique l'un des fondateurs, Laurent Lepeniec.

Enfin, la puériculture se met à l'heure du développement durable, depuis les meubles écolos de l'allemand Geuther en passant par la layette en coton bio ou en bambou. "Il y a une grosse demande des supermarchés", confie Franck Dekeyser, patron de la marque Babycalin. Plus surprenant encore, les couches lavables en tissu, autrefois réservées aux babas cool, gagnent les rayons des magasins spécialisés. Avec un argument écologique, mais aussi économique: elles coûtent 300 euros pour deux ans et demi, contre environ 1 500 euros pour les couches jetables. Avis aux parents motivés...
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