Des centaines de couples sont en attente, et les dons d'ovules sont trop rares : l'Agence de biomédecine lance une campagne avec affiches, brochures, numéro vert et site internet, pour expliquer la procédure et susciter une augmentation des dons. Selon une enquête réalisée par cette agence établissement public qui s'occupe de greffe, procréation, embryologie et génétique, 228 femmes ont fait un don en 2006, ce qui a entraîné 384 fécondations in vitro, d'où sont nés une centaine d'enfants...

Ce qui représente seulement 0,5% des tentatives de procréations médicales assistées.

Depuis une vingtaine d'années, un millier d'enfants ont été conçus grâce à un don d'ovocytes.

Mais à la fin 2006, on comptait plus de 1.100 couples en demande, pour qui l'attente variera entre 6 et 60 mois. "Une éternité", dit le Dr Hélène Letur, médecin de la reproduction à l'Hôpital Necker. Comme le souligne le Dr Dominique Le Lannou, du CHU de Rennes, "la demande ne peut qu'aller en augmentant", alors que les femmes retardent l'âge où elles veulent procréer.

Pour autant, cet acte s'inscrit strictement "dans le cadre de la médecine de la reproduction", et non dans une fantaisie de personnes vieillissantes : "Il nous paraîtrait non éthique de ponctionner une jeune fille de 25 ans pour permettre à une douairière de 60 ans d'avoir des enfants", souligne Jacques Lansac, président du collège des gynécologues-obstétriciens.

La pénurie de donneuses s'explique, semble-t-il, par le fait que le don est trop peu connu, y compris des professionnels, qui vont parfois jusqu'à dire que "c'est très dangereux".

Le don peut être aussi mal compris. "Tu vas donner un bébé !", a entendu ainsi Natacha, une donneuse du Finistère, qui souligne qu'il ne faut pas confondre ovocyte (le nom médical de l'ovule) et embryon. "Ca devient mon bébé quand il est fécondé par le sperme de mon mari et que je le porte", dit-elle.

Natacha a fait la démarche -elle s'apprête à la refaire- par solidarité : mère de trois enfants, elle a voulu "aider". Souvent, les donneuses sont des proches de personnes qui attendent un don, même s'il est interdit de recevoir un ovocyte de quelqu'un que l'on connaît.

La loi encadrant le don d'ovocytes est stricte : il est anonyme, et la donneuse ne saura même pas si son don a abouti à une naissance. Il est gratuit, avec seulement un remboursement des frais de transport ou de logement (pour Natacha, 280 euros qu'elle attend depuis des mois...). Enfin, il est totalement volontaire.

Dans certains pays, comme l'Espagne, les donneuses reçoivent une compensation d'environ 1.000 euros, ce que refusent les Français, craignant un risque d'exploitation de la filière par des femmes dans le besoin.

Certes, comme le reconnaît le Dr Françoise Merlet, directrice médicale de l'Agence de biomédecine, "le don n'est pas une démarche très simple" : examens multiples, mise au repos puis stimulation des ovaires par piqûres, prélèvement sous anesthésie des ovocytes. Avec des risques, quoique limités : hyperstimulation avec prise de poids, infection, saignements... Mais aucune conséquence à long terme.

Sylvie, qui a eu des jumeaux il y a une dizaine d'années, était parrainée par une donneuse, ce qui a fait avancer son dossier : elle n'a attendu que neuf mois. Son seul problème, aujourd'hui, c'est quoi dire aux enfants : "c'est mieux que les choses soient claires, mais c'est délicat", dit-elle.

Pour inciter au don d'ovocytes, l'Agence a distribué des documents et affiches aux professionnels de santé, et 1,5 million de brochures à destination des femmes. Un numéro vert, 0800 541 541, a été ouvert pour répondre aux questions, ainsi qu'un site internet, "www.dondovocytes.fr".

Source: AFP