Pour avoir vendu des tests de grossesse en Pays bigouden, Leclerc a été reconnu coupable d'exercice illégal de la pharmacie. Un nouvel épisode dans la bataille qui oppose l'enseigne aux officines. 2.000 euros d'amende et 2.000 euros à verser à l'ordre national des pharmaciens...

Voilà ce qu'il en coûtera au groupe Leclerc pour avoir enfreint l'article L4211.1 du code de Santé publique réservant aux seuls pharmaciens la vente au détail «de dispositifs médicaux de diagnostic in vitro destinés à être utilisés par le public». Entre mai2004 et mars2006, 983tests de grossesse fournis par une entreprise alsacienne ont été vendus dans les rayonnages du centre Leclerc de Pont-l'Abbé. Pour un bénéfice de 1.175 EUR. C'est l'ordre régional des pharmaciens qui a mis la puce à l'oreille d'un juge d'instruction quimpérois en mai2007, via constat d'huissier.

983 tests de grossesse vendus

Un exercice illégal de la pharmacie que le responsable du site bigouden n'a pas contesté. «Nous n'en vendons plus, a-t-il assuré. Avec mes activités, je suis tenu à l'écart de l'entreprise deux à trois jours par semaine. C'est un des cadres qui a acheté ces produits, indépendamment de la parapharmacie».

D'autres hypers concernés

L'erreur d'un seul homme? Hypothèse difficilement crédible puisque, selon nos informations, l'hyper bigouden n'a pas été le seul en France à vendre de tels produits durant cette période. Une instruction pour des faits similaires dans un autre établissement cornouaillais serait d'ailleurs en cours. L'avocate de l'ordre des pharmaciens n'est pas dupe. «Le groupe sait pertinemment qu'il ne peut pas les vendre, assure Me Chemla, il dispose d'ailleurs d'une équipe de juristes qui connaît tous les textes de loi. L'infraction est grave, des femmes ont pu se méprendre sans l'avis d'un spécialiste. C'est dangereux pour la santé. Et les pharmaciens sont conscients de la poussée des grandes surfaces pour leurs parapharmacies». Allusion à peine voilée à Michel-Edouard Leclerc qui dénonce le manque de concurrence dans la commercialisation des médicaments.

«Une querelle corporatiste»

«La plainte des pharmaciens à Pont-l'Abbé date de 2007 pour des faits de 2004, constate Me Gérard Chevallier, avocat du centre Leclerc. Juste quand la guerre débutait sur le terrain. Il s'agit d'une querelle corporatiste entre la grande distribution et les pharmaciens. Quand on pense à leur marge, c'est inacceptable ». «Et c'est là tout le combat de Leclerc. Il n'y a pas de volonté de s'approprier la qualité de pharmacien ni de vendre des médicaments. À notre époque, quoi de plus normal que de trouver un test de grossesse, qui n'est pas un médicament mais un révélateur, en rayons?».

Auteur: Yves Madec
Source: http://www.letelegramme.comhttp://www.letelegramme.com