Il y a trois ans, Julie, 17 ans, arrivée aux urgences pour de sérieux maux de ventre en est ressorti avec... un bébé! Jusqu'à ce que les médecins diagnostiquent la grossesse, celle-ci était passée complètement inaperçue. Une taille 36, pas de vomissements, des saignements pris pour des règles, rien ne laissait présager la présence du foetus. Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, le déni de grossesse est plus fréquent qu'on ne l'imagine et ne concerne pas que les adolescentes...

Le corps et l'esprit

Le déni de grossesse est le fait pour une femme enceinte de ne pas avoir conscience de son état. Il peut s'agir, dans 50% des cas, d'un déni partiel. Dans ce cas la femme sait qu'elle est enceinte mais parvient à le cacher par refus de cette grossesse ou par crainte de la réaction de son entourage. Elle vit alors comme si de rien n'était en faisant complètement fi de son état. Pour les 50% restants, le déni est complet ce qui signifie que la femme ignore totalement sa grossesse. Dans les deux cas, la prise de poids est minime, voire inexistante, des saignements réguliers sont pris pour les règles, les nausées sont inexistantes, les coups donnés par le bébé passent pour des coliques et le bébé peut même se développer sans apparaître à l'échographie. Comment une telle chose est-elle possible? Tout simplement parce que le corps obéit à ce que pense l'esprit.

Autre caractéristique, l'entourage ne perçoit rien. Certains médecins pensent que la force du déni est telle qu'elle inclut les proches. La femme enceinte est tellement crédible dans son rôle de "non-enceinte" qu'il n'y a aucune raison de soupçonner quoi que ce soit. Dans le cas du déni complet, il ne s'agit en rien d'un mensonge, puisque ce qu'on ne dit pas aux autres, on l'ignore soi-même. Même des médecins expérimentés auraient laissé passer des cas de déni.

Clichés

Beaucoup de fausses idées circulent à propos du déni de grossesse comme le fait qu'il ne concerne que des adolescentes naïves ou attardées incapables de reconnaître la grossesse. Or, c'est totalement faux. Le déni de grossesse n'a ni classe sociale, ni âge. Une étude française* a fait ressortir que près de la moitié des femmes victimes d'un déni de grossesse était déjà mère d'un ou deux enfants. Les mères n'échappent donc pas au phénomène du déni qui n'aurait pas non plus d'explication sociale: il se répartit au hasard dans la population.

Happy end...

La bonne nouvelle est qu'une fois la grossesse mise au jour et révélée à la mère et à la famille, l'accouchement se passe très bien. Les femmes semblent se détendre autant psychologiquement que physiquement et il est arrivé que le ventre s'arrondisse au cours des dernières semaines avant l'accouchement. Le bébé est généralement bien accueilli et rares sont les mères qui l'abandonnent. D'ailleurs, dans certains cas, le déni de grossesse se révèle comme une protection contre un éventuel avortement qui aurait probablement été exigé par le mari ou les parents.

...ou pas

Cependant, il reste des cas extrêmes où la mère se rend compte de sa grossesse au moment d'accoucher, souvent seule, sur des toilettes ou dans un lit, après avoir été prise de grosses douleurs au ventre. Le choc est tel que sous l'emprise de la panique, elle va jusqu'à laisser mourir son enfant. Une situation alarmante qui témoigne du traumatisme que peut engendrer le déni de grossesse.

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