Deux femmes de plus de soixante ans ont accouché en Suisse l'année dernière. Faut-il fixer un âge limite pour la procréation? La science permet aujourd'hui à des femmes devenues stériles d'enfanter. Faut-il dès lors fixer un âge limite? Une spécialistre ironise, rappelant que «personne n'a bronché lorsque la paternité tardive d'Yves Montand (à 67 ans ) a été rendue publique»...

Deux femmes de plus de soixante ans sont devenues mères en 2007 dans notre pays. C'est ce que révèle le journal dominical alémanique Sonntag, dans son édition d'hier. Ces deux cas ressortent des statistiques démographiques de la Confédération. De quoi relancer les discussions sur l'âge idéal de la maternité et sur la procréation médicalement assistée.

D'autant plus que dans un des deux cas au moins, un don d'ovule pratique explicitement interdite par la législation suisse serait à l'origine de la grossesse. Mais pour l'heure, et pour des motifs liés à la protection des données, aucune information sur l'identité des parents, le lieu ou encore et les circonstances de ces naissances n'ont été communiquées.
Précédents à l'étranger

Ce ne sont toutefois pas des premières mondiales. On peut citer l'exemple de l'Italienne Rosanna Della Corte, devenue mère à 63 ans en 1994. Mais c'est fin 2006 que le record du monde a été établi. Une Espagnole de 67 ans, dont l'identité n'a pas été révélée, a donné naissance à des jumeaux. Ces heureux événements ont chaque fois été rendus possibles par la procréation assistée.

S'exprimant à titre personnel, Anita Cotting, directrice de la Fondation suisse pour la santé sexuelle et reproductive, n'est «pas choquée» par ces accouchements. Elle ironise en rappelant que «personne n'a bronché lorsque la paternité tardive d'Yves Montand (ndlr,à 67 ans) a été rendue publique». Elle est donc opposée à la fixation d'un âge maximal pour la procréation médicalement assistée. «Il faut avant tout responsabiliser les parents au moment d'avoir des enfants. Quel que soit leur âge», plaide-t-elle. Anita Cotting tient à rappeler que ces deux cas resteront des exceptions et qu'elle «n'imagine pas des centaines de femmes âgées être tentées par une maternité pour occuper leurs vieux jours.»

Sage-femme et conseillère aux Etats socialiste, Liliane Maury Pasquier défend en revanche le principe d'une limite d'âge, «pour avoir un cadre de référence plus précis». L'état de santé des parents préoccupe la Genevoise: «Statistiquement, il faut bien reconnaître que les risques de maladie et de décès augmentent avec le temps.» Et d'ajouter que «l'on n'a pas la même énergie vitale à soixante ans qu'à vingt».

Les personnes âgées ne seraient-elles plus capables d'éduquer des petits enfants? «Bien sûr qu'elles le sont», réplique-t-elle, avant de poursuivre, «qu'on le veuille ou non, à partir d'un certain moment on est confronté à des limites physiques, même si on est en bonne santé. S'occuper d'enfants en bas âge, qui en plus se lèvent la nuit, ou d'adolescents tourmentés, ne représente pas la même charge à trente ou soixante ans.»

Devrait-on dès lors restreindre la recherche en matière de procréation médicalement assistée? Anita Cotting ne veut pas en entendre parler, «mais à condition que les progrès soient accompagnés d'une réflexion au sein de la communauté scientifique et de la société», insiste-t-elle.

Source: www.24heures.ch