Avoir une place en crèche. C'est le rêve de nombreux parents parisiens, inscrits par milliers sur des listes d'attente. Face à cette forte demande, le maire de Paris Bertrand Delanoë affirme avoir créé 5 800 nouvelles places lors de son premier mandat. A-t-il "mis la charrue avant les boeufs, en construisant sans avoir le personnel" comme le dénonce une directrice de crèche du 10e...

Les syndicats, regroupés en intersyndicale, et la mairie sont d'accord sur un point: la situation est tendue dans les crèches. "Les équipes ne sont pas au complet, lorsqu'une auxiliaire part en congé maternité (ce qui est courant compte tenu de leur âge), elle n'est pas remplacée. Idem en cas de maladie. Alors, on bricole pour assurer la sécurité des enfants, on fait des heures sup' non payées, on ne prend que vingt minutes à la pause déjeuner. Mais au bout d'un moment, les salariées s'épuisent, estime Crystel Caristan, secrétaire de la CFDT petite enfance à Paris. Il y a eu les ouvertures d'établissements avec une mauvaise anticipation des besoins en personnel."

"Crise aiguë" du recrutement"

"Les nouvelles crèches bénéficient de recrutements à part et ne pénalisent pas les structures actuelles", répond Christophe Najdovski, l'adjoint (Verts) chargé de la petite enfance. Pour les 430 établissements existants, la mairie a annoncé un plan de recrutement de 1 000 agents en 2008 (dont 300 embauchés depuis janvier). Mais plus de 800 personnes partent chaque année. Au final, sur les 1 000 embauches, 172 seulement correspondent à de nouveaux postes. Insuffisant pour les syndicats, qui demandent 800 créations nettes (soit 1 600 embauches).

"Aujourd'hui, il est clair que nous avons des difficultés de recrutement, explique Christophe Najdovski, même si la ville ouvrait des centaines de recrutement, on ne trouverait pas le personnel correspondant à ces offres! Nous allons étudier objectivement quel est le nombre de personnes affectées auprès des enfants, voir où les besoins sont les plus criants."

La Caisse nationale d'allocations familiales confirme la "crise aiguë" du recrutement. "On manque de personnel parce qu'il n'y a pas assez de places en formation, parce que les métiers sont différents et les formations pas coordonnées", précise Jean-Louis Deroussen, président du conseil d'administration. Cela devrait empirer si rien n'est fait: sur le plan national, 80 000 assistantes maternelles (les "nounous" agréées) partiront à la retraite d'ici 2015, ce qui devrait renforcer la demande pour les établissements collectifs.

A Paris, Bertrand Delanoë a promis 4 500 nouvelles places de crèche lors de son second mandat.

Le 20 mars, des centaines d'employés des établissements d'accueil de la petite enfance ont fait grève pour dénoncer des manques d'effectifs. Ils ont récidivé lundi. Et samedi, sur le parvis de l'Hôtel de Ville, plusieurs centaines d'auxiliaires de puériculture, éducatrices de jeunes enfants, directrices, manifestaient pour réclamer deux postes supplémentaires par crèche, soit 800 créations dans la capitale. Une nouvelle journée de grève est annoncée pour jeudi. Depuis plusieurs jours, certains établissements ouvrent également leurs portes une heure plus tard le matin "pour ne pas trop pénaliser les parents", selon la CFDT.