«Un petit verre de temps en temps, ça ne peut pas faire de mal… » se rassurent les futures mères qui se laissent aller sans crainte à une coupe de champagne au réveillon ou à un apéritif de fin d’été. Les mêmes qui, quelques mois auparavant, s’affolaient sur les forums Internet d’être tombées enceinte un soir d’ivresse… Il y a beau y avoir eu des campagnes successives depuis 2004 et l’apposition obligatoire d’un pictogramme sur toutes les bouteilles d’alcool, il semble que le message « zéro alcool pendant la grossesse » n’arrive pas bien à passer...
 
Certes, elles savent qu’il ne faut pas boire pendant la grossesse, que c’est dangereux pour leur bébé. Mais, comme le montre une dernière étude Ipsos, la moitié d’entre elles pensent encore que consommer deux verres par semaine ne présente pas de risque. Et 42 % n’imaginent pas qu’une ivresse au cours de la grossesse peut mettre en péril la santé de leur enfant. Alors, les médecins du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), avec l’association Entreprise et prévention, lancent une nouvelle campagne nationale d’information qui rappelle l’impératif d’une consommation zéro et les dangers de prise d’alcool même occasionnelle pendant les neuf mois de la grossesse et ceux de l’allaitement.

Des risques scientifiquement prouvés. L’alcoolisation foetale est la première cause de retard mental d’origine non génétique de l’enfant. Sept mille enfants, soit plus d’un 1 % des naissances, sont concernés de façon plus ou moins importante par ce Syndrome d’alcoolisation foetale (SAF) qui comprend notamment des malformations cérébrales responsables de déficits intellectuels et de difficultés d’apprentissage, de troubles de l’attention, d’hyperactivité, mais aussi des particularités de la face, ou encore un poids et une taille inférieurs à la normale…

Dès la première goutte, c’est dangereux. L’alcool traverse la barrière du placenta et se retrouve dans le liquide amniotique et le sang foetal, dans la même concentration que celle qui est dans le sang de la mère, voire plus élevée (un peu comme avec la fumée de cigarette qui charge le sang de la mère en monoxyde de carbone, un gaz toxique pour le bébé). Tous les foetus ne possèdent pas les mêmes mécanismes de protection vis-à-vis des effets de l’alcool. Donc toutes les femmes qui en consomment n’auront évidemment pas forcément un bébé anormal. « Mais comme on ne peut pas préjuger du risque, il ne faut pas boire du tout, assène le professeur Dominique Luton, secrétaire général du CNGOF et chef du service de gynécologie à l’hôpital Beaujon à Clichy (Hauts-de-Seine). Boire, même un peu, peut être source d’anomalies : cela revient à hypothéquer les facultés de son enfant. »

Même pas un verre de champagne. Le pire ennemi : l’alcoolisme festif, celui du week-end et de ses apéros, de la coupe de champagne lors d’un anniversaire ou de la bière désaltérante en terrasse… « Il ne viendrait à l’idée de personne de donner de l’alcool à un bébé dans son berceau ! Pourquoi le faire quand il n’est pas encore né ? » continue Dominique Luton. Les médecins n’ont pas fixé de limite en deçà de laquelle la consommation d’alcool serait inoffensive pour le foetus. Pour eux, « le risque d’atteinte cérébrale pour le foetus existe dès le premier verre ». Si les études actuelles démontrent qu’une consommation chronique de trois verres par jour représente un facteur de risque, la consommation aiguë épisodique (soit cinq verres lors d’une même occasion et une alcoolémie supérieure à 1,5 g) est, elle, encore plus dangereuse pour le bébé à naître.

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