Allaitez votre bébé, mais avant de le mettre dans une crêche ! « C'est ce que de nombreuses femmes se voient répondre par certaines mairies », dénonce Claude Didierjean-Jouveau, porte-parole de la Leche League. Cette association de défense de l'allaitement soutient une pétition circulant sur le Web pour le droit des femmes à stocker leur lait dans les crèches...

« Il est temps qu'une directive précise soit élaborée par le ministère de la Santé afin que l'introduction du lait maternel en crèche ne dépende pas du bon vouloir de tel ou tel responsable. Il y a des villes comme à Saint-Denis ou à Paris où cela marche très bien. Et d'autres où les femmes allaitantes sont littéralement discriminées », s'insurge-t-il.

« Toutes les instances officielles le recommandent ! »

Et notamment à Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine) où la pétition est née sous l'impulsion de mamans en colère, à l'image de Valérie, contrôleuse de gestion de 37 ans. Cette mère d'un petit Léopold de 8 mois a repris son travail en janvier, tout en décidant d'allaiter son fils jusqu'à ses 9 mois. «Tout s'est bien passé pendant un mois», raconte la jeune femme qui laisse chaque matin deux biberons remplis grâce à un tire-lait. « Mais, en février, la mairie nous a annoncé que, pour des raisons d'hygiène, les crèches de la ville ne pouvaient plus accepter le lait maternel, au même titre que tout autre aliment provenant de l'extérieur », poursuit Valérie.

La solution ? Le sevrage, que Valérie refuse net : « toutes les instances officielles recommandent aujourd'hui l'allaitement ! » explique-t-elle. « Nous n'avons jamais demandé à ces mamans de sevrer leur enfant, se défend Véronique Chapuis, maire adjointe d'Asnières. Il est possible de continuer à allaiter le soir et le matin, en dehors des horaires de crèche, et d'intégrer une nouvelle alimentation la journée. L'introduction de lait maternel dans un établissement de petite enfance exige un protocole. Il y a des risques de contamination, de non-respect de la chaîne du froid... »

L'épineuse question sera inscrite au conseil municipal de juin. Valérie a, elle, gagné une première bataille : la mairie ayant accepté de fermer provisoirement les yeux, elle pourra continuer l'allaitement exclusif de Léopold jusqu'à septembre. Mais elle craint que la ville ne décrète la fin de l'allaitement pour les mamans qui placeront leur enfant en crèche à la rentrée prochaine.

Source: Le Parisien